Sommaire :
1. Le Kalamkari
Étymologiquement, kalamkari vient de kalam qui signifie « la plume » (de roseau) et kari qui signifie « la main ».
Les thèmes traditionnels sont la représentation de scènes épiques et des « puranas » (mythologie indienne), ainsi que les motifs floraux. Au cours des âges, l’iconographie s’est enrichie en fonction des goûts des acheteurs et de l’imagination de l’artiste : miniatures mogholes, arbres de vie, tapis persans, scènes de la vie quotidienne, etc…


Le kalamkari, enseigné à Asa Niketan par M. Venukota Adiseshu, un des meilleurs artistes de l’Andhra Pradesh, aujourd’hui disparu, est un travail uniquement fait main. Les femmes de l’atelier ont préféré ce travail de dessin et de peinture à la main à celui de l’impression à l’aide de blocs de bois sculptés. Elles peuvent apporter toute leur fantaisie dans le dessin et développer ainsi leur talent artistique.
Le dessin sur tissu demande, en effet, un certain talent de la part du dessinateur et au moins trois ans d’entraînement et de pratique pour acquérir la maîtrise de cet art.
2. Petite histoire du Kalamkari

Le kalamkari est un art pictural traditionnel de l’Inde du Sud. Il s’agit d’un art très ancien qui a connu son apogée dans le riche royaume de Golconde (la ville actuelle d’Hyderabad) au Moyen-Âge, grâce au développement des échanges commerciaux avec la Perse.
Pendant des siècles, il a été exercé par de nombreuses familles en Andhra Pradesh, pour lesquelles il constituait le moyen de vivre.
Dans les temps anciens, des groupes de chanteurs, musiciens et peintres, appelés les « Chitrakattis », se déplaçaient de village en village pour raconter à un auditoire nombreux les grandes épopées de la mythologie hindouiste.
Au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, ils illustraient leur récit à l’aide de grandes pièces de toile peintes sur place avec des moyens rudimentaires et des teintures extraites de plantes. Il s’agissait des premiers kalamkari.
De même, on trouvait dans les temples hindouistes de grands panneaux de kalamkari représentant des épisodes de la mythologie indienne à l’instar des vitraux dans nos cathédrales.



Bien que le kalamkari ait connu un certain déclin, il a été remis à l’honneur par l’Atelier d’Asa Niketan à Kavali (Andhra Pradesh). Tout en regagnant une certaine estime populaire en Inde, il est surtout apprécié à l’étranger. Dès le XVIIIème siècle, il a été utilisé par les Anglais comme élément de décoration et d’habillement.
3. Les étapes de fabrication
Requérant patience et persévérance, la fabrication d’une toile est un artisanat qui nécessite de longues semaines de travail.
Révéler la blancheur de la toile de coton
La toile de coton écru est d’abord soigneusement plongée dans une solution faite avec le jus d’une plante appelée « myrobalan ». Ce procédé permet de donner à la toile de coton les qualités nécessaires pour fixer les couleurs.



L’encre noire est obtenue en faisant rouiller des clous dans du jus de palme (jaggery) pendant six mois.
L’artiste reproduit alors le dessin de son choix sur un calque. Une fois la toile sèche, le motif reporté dessus et ses contours sont repassés à l’encre noire à l’aide d’une plume de bambou.




Un second bain chaud, contenant un détergeant naturel, permet d’éliminer la teinte jaunâtre du tissu due au myrobolan. Une fois blanchi, le tissu sèche au soleil. Cette dernière étape peut nécessiter jusqu’à trois jours.
Ennoblir la toile
Les couleurs sont appliquées les une après les autres. Les artistes fabriquent elles-mêmes les teintures à partir de végétaux. Le bleu tire ainsi sa couleur de la fleur d’indigo et le jaune du safran.
Une sorte de gomme à base de résine est appliquée sur les contours de la partie à peindre pour que la couleur choisie ne se diffuse pas sur le reste du tissu.
La toile est à nouveau lavée et séchée. L’opération est répétée pour chaque couleur.
Les couleurs s’obtiennent en appliquant successivement un mordant métallique et une teinture végétale ou chimique. La combinaison des deux éléments ainsi qu’une exposition au soleil permet de donner aux couleurs toute leur vivacité.


4. Les tissages
Les sœurs de Kavali ont recueilli au sein de leur établissement un maître tisserand malade. Ce dernier a proposé son aide afin de former ces femmes au tissage.
Les métiers sur lesquels les femmes travaillaient étant très anciens, en février 2010, l’association en a donc acheté deux nouveaux. L’un d’entre eux est doté d’un système Dobhy permettant de faire des bordures de motifs différents et des toiles plus larges. Cependant les deux leur permettent de réaliser des tissages très fins.

5. La couture

Les femmes réalisent différents articles de couture dans l’atelier : sacs, tabliers, vide-poches, plats à tarte, trousses..
Elles réalisent également des bracelets à l’aide de fils de coton et de perles colorées. Traditionnellement, on les offre aux personnes qui nous sont chères.